PLANCHES I-VII1
Les monuments qui couvrent les six premières planches proviennent
de la
nécropole de Thèbes. Ils appartiennent tous
à une chapelle funéraire, dont
M.
Grébaut attribue la possession au culte d'un seul des
fils de Thoutmosis I,
cet Ouazmasou

qui dut un moment
hériter la couronne
2; elle me semble
toutefois avoir été
affectée Également au culte de plusieurs personnages
secondaires
de la famille de ce Pharaon
3. Elle fut découverte à
Gournah, un peu au
Nord du Ramesséum, vers le milieu de
février 1887. Des enfants jouant dans le
sable avaient mis
à nu la tête d'une statue de femme. M.
Grébaut, prévenu
par le raïs Mohammed
Abderrassoul, ordonna à M. Daressy, alors en mission
à
Louxor, de se transporter sur les lieux et
d'exécuter des sondages autour de la
statue. M.
Daressy cut bientòt fait de reconnaìtre les ruines
d'un édifice en
briques qu'il
déblaya soigneusement
4.
Planche I.—Le
plus important des monuments qu'il y recueillit, la statue
de
reine qui fut l'occasion de la découverte, est
reproduit sur la planche I. Elle ful
trouvée encore en
place, le dos au mur qui sépare le sanctuaire central de la
chambre de droite, au point marqué F sur le plan de M. Daressy
(cf. pl. IV du présent volume). Elle est en grès,
haute de 1 m. 65 cent. piédestal compris, et
elle
n'a pas souffert depuis l'antiquité; seuls,
le bout du nez et un petit morceau
du menton ont
été brisés par la chute d'une
brique ou d'une poutre, lors de la
ruine de
l'édifice. Elle représente une reine assise
sur un siège à dossier sans
ornements, les pieds
posés carrément devant elle, les mains sur les genoux:
la
robe est blanche, échancrée au cou de
manière à montrer un large collier multicolore,
les chairs sont peintes en jaune, une perruque noire encadre la figure -
et.
sur la perruque, la dépouille de vautour allonge ses
ailes, la tète dressée audessus
du front de la
reine. L'inscription tracée en deux colonnes, sur le
devant
du siège, à droite et à gauche
des jambes
(1) Le
texte des dix-neuf planches de la première livraison
reproduit les termes mèmes d'un
article que
j'ai publié dans la Becue
Critique. t. II. p. 409-417. ne 49 du S
décembre 1890.
(2) Cl sur
ce prince, MASPERO, Les
Momies royales de Déir el-Bahari, dans les Mémaires de la Mission
Française, t. I, p. 630, 599.
(3)
C'est aussi à celle conclusion que les fouilles
ont amené M. Petrie (Six Temples at
Thebes. p. 31.
(4) M.
Grébaut a donné la description de quelques-uns des
principaux monuments découverts,
dans le Bulletin de l'Institut
Égyptien, 1887, 2e série,
2e partie, p. VII, XIX, XXI sqq. et surtoul
dans
sa Notice Sommaire des Monuments, 1893,
p. 95-98.


nous
apprend que e'est l'une des femmes de Thoutmosis
I,
Maoutnofrìt, mère de Thoutmosis II, et que la
statue avait été consacrée par ce
prince. Sans parler de la valeur artistique qu'elle
possède, elle nous a permis
d'éclairer
définitivement un des points les plus obscurs de
l'histoire du temps. Si
les deux successeurs de Thoutmosis I
se sont effacés devant la reine
Hâtshopsouìtou,
e'cst parce
qu'ils n'avaient pas, du chef de leur mère,
autant de droits
qu'elle à la couronne. Les
inscriptions du linceul de Thoutmosis III nous ont
enseigné
que ce souverain était né d'une simple
concubine, Isis, étrangère à la
famille royale. Celles de la statue nous révèlent que
Thoutmosis Il était l'enfant
d'une
femme légitime, apparentée à la famille
royale, mais non pas sœur germaine
de son mari.
Hâtshopsouìtou au contraire avait pour mère
la reine Ahmasi,
fille
d'Aménòthès I et de sa
sœur germaine Ahhotpou II; elle avait donc, du fait
de sa
mère, des droits supérieurs à ceux de son
frère et de son neveu. La statue
a été
reproduit dans
Maspero, Histoire
Ancienne des peuples de l'Orient classique,
t. II,
p. 237.—
No
d'entrée 27575. Les pièces de grès, entre lesquelles la statue
paraìt, sont un encadrement de
porte funéraire
dont les morceaux furent employés comme dalles dans le
vestibule
de la chapelle, lors d'une restauration qui cut
lieu probablement sous Ramsès II:
M. Daressy les y a
retrouvés la face contre terre. La porte reconstruite
messure
2 mètres de haut sur 1 m. 20 cent. de large. On y
voit, au milieu du linteau,
les deux cartouches de Thoutmosis III,
flanqués de deux proscynèmes, à
Khonsou
thébain Nofirhotpou et à Thot,
maìtre de la parole divine, qui se continuent sur
les deux
montants; le nom du personnage en faveur de qui on les faisait, un
prètre d'Amon dans

la Hounkìt de vie, la
chapelle de Thoutmosis III, était
Habî.—
No
d'entrée 27625.Le linteau figuré en compagnie de ces deux monuments porte
également
les deux cartouches de Thoutmosis III, sous le
disque ailé de l'Horus d'
Edfou. Il
est
en grès, sculpté et peint, et il mesure 1 m. 08 cent.
de longueur, sur
0 m. 50 cent. de hauteur. —
No d'entrée
27576.Planche II. —
Stèle en calcaire, large de 0 m. 40 cent., dont les
débris ont
été en partie recueillis
sur place par M. Daressy, en partie achetés par lui
à
Louxor, chez un marchand
d'antiquités; quelques débris sont venus
depuis lors
s'ajouter au premier fond, qui sont
conservés à
Gizeh mais qui ne figurent point
sur
la planche du
Musée Égyptien. Le tableau du cintre représente Thoutmosis I, assis,
derrière lequel Ouazmosou,
son fils qui l'aime,
se tient debout. Thoutmosis III offre l'encens
enflammé à son

aïeul, et,
derrière lui. commence un long texte qui comptait certainement
une
trentaine de lignes verticales et horizontales au temps
où il était complet.
Lïnscription est
datée de l'an XXI de Thoutmosis III. le 25 du
troisième mois de
Pirìt. Elle contenait le
testament ou la donation

d'un certain Sonimosou.
qui
était nourricier

du fils royal Ouazmosou, et qui était
peut-ètre Syrien
d'origine. Il raconte dans le
préambule de cet acte qu'il vécut au
service d'Ouazmosou (vivant?), avec sa femme Houzarou, puis
qu'il continua au service
d'Ouazmosou mort comme

, homme au
rouleau, maìtre des cérémonies
dans le
culte funéraire de son maìtre. Lorsque sa femme
Houzarou fut vieille,
on croit distinguer qu'il prit une
femme plus jeune et que ce second mariage
lui suscita des
difficultés avec ses enfants du premier lit, deux filles, dont
les noms
sont énumérés à la
troisième ligne, sa fille Taaraì

, sa fille
Sitamanou

, et un fils
Sa-âou

. On dirait qu'il y eut
litige au
sujet de l'héritage de la dame Houzarou, et que le
fils de cette dame, et le
sien, le cita en justice pour le contraindre
à liquider cette succession. Au cours
de ce
procès, il fut accusé d'avoir
appliqué à son bénéfice le
mobilier précieux
et les revenus du tombeau
d'Ouazmosou dont il avait la garde. Un des lambeaux
de
phrase échappés à la destruction contient
le récit d'une querelle où un personnage
dit à Sonimosou ou peut-être à son fils:
“[Je ne puis rester] dans une
mème ville avec
toi, car je suis Nègre et toi tu est Syrien”,

,

phrase
curieuse, en ce qu'elle témoigne de la
présence d'éléments
étrangers d'origines diverses dans la population
thébaine, dès
les premiers temps de la XVIII
e dynastie. L'affaire, portée
devant le nomarque,
comte de Thèbes, se termina à
l'avantage de Sonimosou: il fut confirmé dans ses
charges, recut l'assurance qu'elles passeraient
à ses enfants, et, par reconnaissance,
il consacra dans la
chapelle cette stèle où, après avoir
raconté ses
tribulations puis son succès, il
instituait un legs au culte d'Ouazmosou. Tout
cela est si
mutilé que je n'oserais affirmer
l'exactitude de l'interprétation que
je viens de donner. Une étude longue et sérieuse
pourra peut-être révéler à
qui
l'entreprendra le sens certain du document.
Un des petits fragments reproduits sur la planche a été
renversé par erreur.
— No d'entrée 27815.
Planche III.—Stèle en
calcaire, haute de o m. 28 cent., large de o m. 18 cent.
Dans le
cintre, la chatte de la dame du ciel,

,
c'est-à-dire la déesse Maout,
assise,
et l'excellente oie d'Amon

sont affrontées
l'une à l'autre,
à peine
séparées par un lotus, et à une
proximité qu'on ne peut
s'empêcher d'estimer

dangereuse pour
l'oie divine. Au registre inférieur, le fils royal
Ouazmosou
est assis à gauche, le sceptre

d'une
main et le lotus de l'autre, comme enfant
et
troisième membre de la triade divine dont l'oie Amon
et la chatte Maout sont
les deux personnages principaux. Le
Chef des manœuvres dans la Place Vraie,
—
la Nécropole, —
Pashodou, en grand costume de cérémonie,
fait proscynème
aux deux divinités et inclut le
maître de chapelle, Ouazmosou, dans sa prière.
Un
Pashodou, domestique de la Place Vraie, nous a
laissé un certain nombre de
monuments que j'ai eu
l'occasion de citer ailleurs
1: peut-ètre notre Pashodou
lui
est-il identique. En tout cas, il vivait sous la XX
e
dynastie, et son ex-voto est
un exemple nouveau de la
fidélité avec laquelle les cultes
funéraires étaient pratiqués
après des siècles, et de la prédilection
que la population thébaine marquait
pour les dieux animaux.
La partie supérieure de la stèle a
été reproduite dans
Maspero, Histoire Ancienne des
Peuples de l'Orient classique, t. I, p. 87.
—
No
d'entrée 27820. Planche IV. — Le plan de la chapelle
d'Ouazmosou avait été dressé
par
M. Daressy, au fur et à mesure que les restes des
murailles sortaient de terre.
Elle ne comprenait pas seulement des
pièces consacrées au culte, mais on y
trouve des
chambres d'habitation, dont l'une au moins a servi de
cuisine el conservait
son foyer presque intact. C'est le
premier exemple certain qu'on ait pu
étudier sur
le terrain de ces monuments si nombreux dans la nécropole
thébaine
et qu'on appelait
khairou. Comme les mosquées
funéraires des sultans
mamelouks au Caire,
c'étaient des établissements composites,
comportant une
partie sacrée, des
dépôts destinés à
l'offrande, des chambres pour les gardiens
et pour les
domestiques attachés à la maison du mort, souvent un
logement
complet pour les prêtres. Le
Khairou d'Ouazmosou avait été
bàti sur les ruines
d'édifices
antérieurs en briques crues, dont les substructions sont
leintées en
jaune. Il mesurait environ vingt-deux
mètres et demi de largeur sur trente mêtres
de
longueur. On y rencontre un pylône à demi
détruit. tourné vers la plaine.
puis deux cours
en enfilade l'une derrière l'autre.
séparées autrefois par un mur
qui a disparu
complètement. L'espace vide. qui résulte de
la réunion de ces deux
cours, est fermé au fond
par un mur également en briques, percé en son
milieu
par une porte à laquelle accède un
escalier à rampe médiane unie. flanquée
de
deux rangées de sept marches. assez larges mais fort
basses. La porte franchie, on
pénètre dans une
salle peu profonde, sur laquelle ouvrent trois niches ou trois
1
Maspero, Rapport sur une
Mission en Italie. dans le Recueil de
Travaux. t. II., p. 175-176.

sanctuaires.
C'était la chapelle proprement dite: les magasins et
les logements
du personnel s'entassaient sur la gauche et
sur le derrière. Le tout est construit
en briques
sèches, simplement crépies de blanc dans la partie
d'habitation, revètues
de plaques en calcaire et
en grès dans le sanctuaire, comme le prouve la
multitude des
petits fragments répandus parmi les décombres. Le
plancher était
de terre battue, sauf dans les endroits
où le plan est teinté en rouge. Là, un
roi
de la XX
e dynastic paraît avoir
établi un dallage au moyen de pierres volées
à
des tombeaux voisins ou de stèles
placées côte à côte, la face
contre terre, les
unes intactes, les autres brisées, ex-voto
en faveur du prince Ouazmosou ou
proscynèmes ordinaires.
Quelques-uns des détails observés par M. Daressy en
1887 ne sont plus reconnaissables
aujourd'hui sur le
terrain. En revanche, les fouilles que M. Petrie
a
opérées sur le même site en 1895-1896 ont
permis d'ajouter quelques détails
nouveaux au
plan publié à la planche IV, et ont achevé
de mettre au jour tout
ce qui subsistait de
l'édifice. Elles ont prouvé que la chapelle
avait été remaniée
sous
Aménôthès II et sous
Aménôthès III
1, avant d'ètre
restaurée par un Pharaon
de la XX
e
dynastie.
Planche V. — Le
premier des monuments reproduits sur cette planche est
tout ce qui
reste d'une stèle cintrée en calcaire,
haute de 0 m. 11 cent. en son
étal actuel, et large de 0 m.
44 cent.
Au premier registre, le personnage Nofersakhrou, celui-là
peut-être dont le
tombeau se rencontre dans le voisinage,
est agenouillé devant une uræus dont
la
tête est surmontée du disque solaire.
Ranouìt, la dame des offrandes,

, et il lui
présente l'encens enflammé.
Au second registre, la femme de Nofersakhrou et son fils Manouìti-haiti

rendent
hommage à toute une famille de petits serpents. dont deux
seulement sont encore visibles. C'est un document de plus
à joindre à ceux qui
nous restent du culte rendu
au serpent par les gens de la nécropole thébaine. —
No d'entrée
27786.Le second fragment a été trouvé dans la
chapelle d'Ouazmosou. mais il y
avait
été apporté de quelque tombeau voisin. lors
de la restauration de l'édifice.
Il mesurait 0 m.
43 cent. de hauteur. sur 0 m. 80 de largeur: transporté au
Musée, il y est tombé en poussière el il ne
laisse plus rien distinguer des représentations
qu'il portail. On y voyait au premier registre les restes
d'un jardin
(2)
Flinders
Petrie, Sir Temples at
Thebes. pl. XXVI et p. 8.

funéraire
planté de doums et de sycomores: on lisait au-dessous une formule
de
proscynème mutilée, par laquelle un personnage
dont le nom avait disparu implorait
Osiris et Anubis, pour le compte de
sa mère et de son père Iâf-haîti

attaché à la personne d'une reine sans nom.
La tête des deux personnages était
seule visible
encore. —
No
d'entrée 27748.Le troisième fragment, une petite stèle
cintréc en calcaire, haute de 0 m. 18 cent.,
est un
proscynème du
scribe des miliciens du
maître des deux mondes, Maî

,
et de son
fils, Ahmasou

,
revêtu des mêmes fonctions, en
l'honneur
d'Amonrâ, roi des dieux,
maître du ciel. —
No d'entrée 27785.Planche VI. —
Stèle en calcaire, haute de 0 m. 11 centimètres, large
de
0 m. 14 cent. Un taureau, armé de larges cornes en
croissant, debout, regarde
un objet placé devant lui et qui
paraît être une botte de fourrage. Le nom de la
bête est écrit au-dessus de son dos dans le cintre de
la stèle: il s'appelait
Paîmontou Pakmaout, ce qu'il
faut traduire peut-être par
Celui de
Montou, Pakmaout, en considérant le premier groupe comme
le titre, le second
comme le nom lui-même. C'est,
ou bien le taureau sacré de la ville voisine
d'
Hermonthis, qui, en effet, était vouée
à Montou, le grand dieu de la plaine
thébaine, ou
bien un animal sacré de rang secondaire, adoré dans la
nécropole.
Le style est celui des dynasties saites, tendant
plutôt vers le style des Ptolémées
que
vers celui des Éthiopiens. —
No d'entrée 27822. Fragment de stèle ou de bas-relief en calcaire, haut de 0 m. 11
cent., et
gravé en relief d'un ciseau fort
délicat. Il représente la vache d'Hathor,
le fouet
magique, la monâît au cou, et marchant sur les montagnes.
— No
d'entrée 27787.
Petite stèle en calcaire, haute de 0 m. 13 cent., large de 0 m. 10 cent.
Amonrâ, maître de Karnak, seigneur
du ciel, roi des dieux, et la déesse hippopotame
Taouîrît, coiffée des cornes et du disque,
reçoivent la libation d'un prêtre dont
le
nom est illisible. —
No d'entrée 29824.Bloc en calcaire, haut de 0 m. 26 cent., large de 0 m. 40 cent., et qui
a
appartenu probablement au revêtement de l'un
des murs du sanctuaire. On y
lit, en relief, les restes
d'une inscription qui met le fils royal Ouazmosou en
rapport
avec le comte nomarque de Thèbes, Imhotpou;
I'inscription avait été
gravée par le père de celui-ci, le nourricier des
enfants royaux de Thoutmosis l,
dont le nom est effacé,
à cause de la grande faveur dont ce personnage jouissait
auprès du roi son maître. — No d'entrée
27818.
Planche VII. —
Morceau de bas-relief en beau calcaire blane. haut de

0 m. 93 cent. large de 1
m. 20 cent., d'un style fin et délicat, comparable
à
ce que l'art de l'Ancien Empire nous
a légué de meilleur. On y voit au centre
deux
formes de Phtah adossées, et, devant
Phtah
Risi-ânbouf, maître d'Ankhtooui.
le roi Aménôthès III,
présenté au dieu par la déesse
Sokhît, dont le corps est
détruit, mais dont le
nom est conservé; une autre déesse, probablement
une
variante de Sokhit, amenait le même
Aménôthès au Phtah de gauche. La
figure
du roi, très douce, est d'une
grâce un peu mélancolique; celle du dieu est
copiée sur celle du roi, comme c'est
l'usage à cette époque, et elle offre
les
mêmes traits, mais moins souriants. —
No d'entrée
34558. 2
o Sorte de table à libations, en
albâtre, longue de 1 m. 22 cent., large de
0 m. 47 cent.,
haute de 0 m. 56 cent., découverte en 1888, à
Mitrahynéh, à
plusieurs mètres de
profondeur au-dessous des fondations du temple de la
XVIII
e dynastie, au-dessus des statues royales
figurées sur les planches VIII-XII, à
une
vingtaine de mètres de l'endroit où gisait
le fragment de bas-relief précédent
1. Les côtés en
sont ornés de ces longues rainures groupées par
panneaux.
qui forment un des types fréquents de
décoration dans les monuments de style
très
archaïque; toutefois, elle ne porte aucune inscription qui
permette de dire
à laquelle des premières
dynasties elle remonte. Il est probable seulement qu'elle
est un peu antérieure au début de la IV
e. —
No
d'entrée 27851.[Back to top]
PLANCHES VIII-XII.
Les statues reproduites sur les planches VIII-XII ont
été achetées, en 1888. à
des marchands indigènes qui les tenaient d'habitants
de Mitrahynèh, l'une, celle
de
Niousirrî, pour 80 L. E., les autres ensemble pour 1000 L. E. M.
Grébaut
chercha à en connaitre le lieu
d'origine, et le raïs Mohammed Abou-Higgazi lui
déclara bientôt qu'elles avaient
été découvertes à
Mitrahynèh même, dans une
chambre
située à l'Ouest de
l'emplacement du lac Sacré, parmi les ruines du
temple de Phtah, un peu plus bas que la table à libations
figurée sur la planche
précédente. Le
récit lui parut peu croyable; il supposa que les marchands
l'avaient inventé de toutes pièces, afin de
dépister les agents du Service des
Antiquités, et
que les monuments provenaient d'un coin quelconque de
Sakkarah.
Il fil exécuter dans la nécropole des
sondages qui demeurèrent sans résultats.
mais cet
insuccès n'affaiblit point sa conviction: la
présence. sur la statue de
(1)
Grébaut, Notice
sommaire des Monuments exposés, 1892. no 6162, p. 31.

Mykérinos,
d'un titre formé avec le nom de l'un des
taureaux sacrés
(1), lui fit
penser qu'ils avaient
décoré l'un des
Sérapéums de l'Ancien Empire.
Depuis mon retour en Égypte, j'ai eu
l'occasion d'interroger quelques-unes des
personnes qui avaient été mêlées
à cette affaire, et toutes m'ont affirmé
que le
récit fait à M. Grébaut
était l'expression de la vérité.
Le raïs Higgazi, fils et successeur
du raïs
Mohammed, m'a mené à la place où
l'on assure que la trouvaille
a été
faite, et il m'a proposé de rouvrir la chambre, dans
l'espoir d'y recueillir
quelques indices
nouveaux; il y aura lieu certainement d'ordonner des
fouilles
en cet endroit. En tout cas. l'histoire
n'a rien d'invraisemblable en
elle-même.
La façon dont M. Quibell a
découvert les deux belles statues en bronze de Papî
I,
à Kom el-Ahmar, montre que les Égyptiens
avaient l'habitude de conserver
longtemps les images de
leurs anciens rois, puis de les enterrer dans des cachettes,
lorsqu'elles ne leur semblaient plus être en
état de servir. Le sacerdoce
de
Memphis a pu de
même, au moment d'un des remaniements du temple
de
Phtah, reléguer dans un caveau, comme dans une
farissa, les statuettes des
rois de la IV
e et de la V
e dynasties qui avaient
décoré le sanctuaire plus ancien.
Planche VIII. —
La plus belle de ces statues, celle de Khéphrên,
mesure
0 m. 80 cent. de haut. Elle est d'un
albâtre très fin, sonore comme le cristal,
semblable à celui de la carrière découverte
par Schweinfurth à peu de distance
d'llélouân, dans l'Ouady
Guerraouî. Le type de la figure est, autant que
j'en
puis juger, identique à celui des statues
découvertes jadis par Mariette dans le
temple du
Sphinx, ce
qui achèverait de prouver, s'il en était
besoin encore. que les
statues égyptiennes sont des
portraits réels. La facture en est pourtant
inférieure
à celle des deux
Khéphrên en diorite et en basalte vert; le
modelé est plus mou.
l'expression plus banale. Ce
n'en est pas moins un beau morceau de sculpure.
et
qu'un musée européen
s'eslimerait heureux de posséder. Les inscriptions
sont
réparties en trois endroits différents. On
lit sur le plat du socle, devant les pieds
de la statue. le nom du roi

. et sur
chacun des deux côtés du
siège. la
légende plus complète comprenant le nom
d'épervier et le nom solaire

affrontés. Les hiéroglyphes sont gravés en
creux, largement el d'un
style hardi qui correspond
à celui de la statue: ils datent de
l'époque
même où elle fut
faite. et ils n'ont pas été
ajoutés après coup. U'n
dessin de ce
monument a été publié dans
Maspero. Histoire Ancienne
des peuples de l'Orient classique. t. I. p. 572.
—
No
d'entrée 28577. (1) Cfr. plus
bas. p. 11. du present volume.
Planche IX. —
Statue en diorite, haute de 0 m. 55 cent., représentant
Mykérinos,
fils et successeur immédiat de
Khéphrên. Facture molle, un peu banale. Le
protocole royal est gravé à deux reprises: une
première fois, en une seule ligne
verticale
tracée sur la face du siège, à
côté de la jambe, et sur le plat du socle

à
côté du pied droit de la statue; une seconde fois,
en
une seule ligne verticale et symétriquement à
la précédente à côté
de la
jambe et du pied droit de la statue

. Des dessins
du monument ont été publiés dans
Maspero, Histoire Ancienne
des peuples de l'Orient classique, t. I, p. 374 et dans
Petrie, A History of
Egypt. 2
e édit., t. I, p. 63; la
légende a été mal
interprétée par le dessinateur dans
la vignette
de l'
Histoire Ancienne. —
No d'entrée
28578. Planche X. —
Statue en granit rose, haute de 0 m. 65 cent., représentant
le
roi Niousirrì de la
No dynastie, assis sur un siège en forme de
dé. Elle est assez
fruste, mais d'un contour
précis et d'une expression énergique, que
la planche
rend mal. Le jupon est lisse, la coiffure et son
uræus un peu plate. l'œil
bordé
de kohol. Le nom du roi se lit sur le devant du socle,
à còté du pied droit de la
statue, en
une colonne verticale

. Des dessins du monument
ont
été publiés dans
Maspero. Histoire Ancienne des peuples de
l'Orient classique. t. I. p. 390, et dans
Petrie. A History of Egypt,
2
e éd., t. I. p. 77.
No d'entrée 28466. Planche XI. —
Statue en albâtre calcaire, haute de 0 m. 48 cent.,
représentant
le roi Menkaouhorou de la
Ve dynastie. Elle a souffert plus que les
autres, et elle
parait avoir été d'un
travail assez médiocre. Le roi s'était fait
représenter en Osiris, avec le bonnet blanc de la
royauté du Sud, les mains croisées sur la
poitrine
et serrant la houlette et le fouet: la tunique est
très courte et ne descend pas
jusqu'aux genoux.
Le nom du roi est gravé de façon sommaire sur le plat
du
socle, verticalement, à côté du
pied droit de la statue.

—
No
d'entrée 28579. Planche XII. —
Statue en albâtre calcaire, haute de 0 m. 64 cent., et ne
portant aucune inscription. C'est celle qui approache le plus du
Khéphrên pour
le fini de
l'exécution: on dirait presque qu'elle sort
du mème atelier. Le type
de la physionomie est celui de
Khéphrên, mais un peu plus ferme, et l'air
de
parenté est tel entre les deux personnages que
j'incline à y reconnaitre Khéops.
le
père de Khéphrèn. Un dessin de ce monument
a été publié dans Maspero.
Histoire Ancienne des peuples de
[Orient classique. t. I. p. 364.

Toutes ces statues avaient été d'abord
jugées contemporaines des souverains
dont elles portent les
noms, et l'on y voyait généralement une des
meilleures
expressions de l'art de l'Ancien
Empire. M. Borchardt, et, à sa suite, une partie
de
l'école allemande, a cru pouvoir réformer
cette impression première et
rabaisser
l'exécution de ces monuments
jusqu'à l'époque Saite
(1). Il ne me
paraìt
pas que les considérations de facture et
de parure ou d'ornementation sur lesquelles
il
s'appuie soient suffisamment justifiées encore pour
établir cette opinion, et
des découvertes
récentes ont déjà contredit telle ou telle
des observations sur
lesquelles elle semblait reposer. Nous connaissons
encore trop peu la sculpture
royale de l'âge
Memphite pour pouvoir affirmer avec vraisemblance que nos
statues
n'en présentent point les caractères. Je
continuerai donc jusqu'à nouvel
ordre
à reconnaître en elles des monuments de la IV
e et de la V
e dynasties,
sculptés sous le roi même dont elles reproduisent les
traits ou très peu de jours
après sa mort.
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PLANCHES XXIV-XXV.
Les deux sféles qui occupent les planches XXIV et XXV
représentent deux

variantes très
rares, mais très instructives, de la stèle
funéraire. Dans l'idée de
l'égyptien, une fois que l'officiant et les
vivants s'étaient retirés de la
chapelle,
laissant l'offrande empilée sur la
table de pierre ou éparse sur le sol devant la
stèle, le
double du mort sortait par la
porte close et descendait dans la chambre.
afin de recueillir ce qui
lui plaisait le mieux du sacrifice. Trois monuments,
uniques
jusqu'à présent, donnent un corps
à cette conception et nous permettent
d'en saisir
l'exécution aux divers moments qu'elle
comporte. Le premier, la stèle
de Marìrouka, est
encore en place à Sakkarah, dans le tombeau où M. de
Morgan
l'a découvert, mais on le verra reproduit
dans mon
Histoire Ancienne des peuples
de
l'Orient classique. Le
double,
taillé en rondebosse, sort de la porte et, le pied
posé en avant va descendre l'escalier de quelques
marches qui le mène à la chapelle
(1).
L'artiste
égyptien a merveilleusement rendu le mouvement de sa statue:
à la lueur trouble des lampes qui éclairaient la
cérémonie, les assistants devaient
avoir la
sensation d'une présence réelle du mort au
milieu d'eux.
Planche XXIV. —
La stèle, haute de 1 m. 34 cent., large de 1 m. 13 cent.,
qui est reproduite sur la planche XXIV, n'a pas la valeur
artistique de la stèle
de Marìrouka.
C'est le style médiocre de la Ve
dynastie, médiocrement interprèté
par
une main provinciale. L'agencement des parties y est le
même que sur
la stèle
d'Akhafouîka: porte extérieure, dont le
linteau el les montants ne portent
chacun qu'une seule ligne
ou une seule colonne d'hiéroglyphes, les trois
proseynèmes
du roi et d'Anubis en
l'honneur du directeur des maisons des fileuses?
directeur
de la table royale el d'une des barques du Pharaon.
Noutirnofir:
panneau isolé, où le mort et sa
femme, assis à table, s'y partagent les parfums
el
les provisions du sacrifice; porte intérieure, avec son
linteau plat où sont inserits
de nouveau les titres el
qualités de Noutirnofir. ses deux montants, où
sont
figurés à gauche Noutirnofir et son fils
Khàoumhosouf, investi des mêmes
diguités
que lui, à droite, la dame
Nofirhotpousi, cousine royale el sa fille Ousìritka.
Le nom du mort est gravé sur le tambour cylindrique, el. dans la
baie, le
mort lui-même est représenté
faisant saillie. Il est de face. la tète haute, le
buste
droit sur les hanches, les deux bras tombants, les deux pieds
rapprochés
l'un de l'autre sur le
même plan. Il ne marche pas. comme Marirouka, mais il
reste
immobile, attendant que la cérémonie soit
terminée et la salle vide pour
se mettre en mouvement. Le
socle sur lequel il se tient fail saillie en avant du
champ de la
stèle, et la façade lournée vers le
spectateur en est brute: un autre
(1)
Mespero, Histoire Ancienne
des peuples de l'Orient classique. 1. l. p. 253.

bloc s'y
accotait qui complétait le monument, peut-être
l'escalier de Marîrouka.
peut-être une
table d'offrandes. —
No d'entrée 28489.Planche XXV. —
Cette stèle n'est point de la même
époque et ne provient
pas de la même
localité que la précédente. Elle date du
nouvel Empire thébain:
elle a été
découverte en 1894 à Sedment, dans la Moyenne
Égypte, et acquise
par M. de Morgan pour le
Musée. Elle a encore la forme rectangulaire, et elle
est
surmontée de la gorge ordinaire; c'est toujours une
porte, la porte de la
maison du mort, mais les dispositions
architecturales des temps Memphites n'y
sont plus
indiquées, et le linteau ainsi que les deux montants y sont
décorés
d'inscriptions et de
bas-reliefs nouveaux. Le linteau a reçu un motif
fréquent
sur les stèles cintrées: au
centre, le vase et l'eau, représentée par
deux lignes
ondées seulement au lieu de trois, puis le
sceau, superposés; à droite et à
gauche les deux
ouzaît, et, leur tournant
le dos, les deux chacals, Anubis dans
les bandelettes, Anubis chef du
pylône divin, yeux et chacals posés sur des
socles en forme de naos. Sous cette scène, et dans une
même ligne, deux proscymèmes
affrontés, se rencontrent au milieu de la porte; à
droite, un proscynéme
à Osiris dieu grand,
régent de l'éternité, pour
qu'il donne le souffle de vie au
supérieur des
servants, Nibari; à gauche, un proscynème à
Osiris, pour qu'il donne
toutes les choses bonnes et pures
à la dame Nofirhophtah. Chacun des montants
porte trois
registres superposés. A gauche, au premier registre, un
proscynème
à Osiris, régent de deux
terres, en faveur de la dame Aîtié, debout devant
le
dieu; au second registre, la même dame
Aîtié, assise et héroisée,
reçoit l'offrande
d'un homme, son fils
probablement; au troisième, le père divin de Sovkou
dans
Shodìt, Atonou et sa femme reçoivent les
essences canoniques de leur fille Roua.
A droite, au premier registre,
le proscynème est dédié à Osiris
en l'honneur
du mort lui-même; au second
registre, le mort et sa femme assis recevaient
l'hommage
d'une de leurs filles, mais les légendes sont
tellement frustes qu'on
lit mal les noms; au
troisième, le prêtre
d'Harshafouîtou, Akhopirka, amène un
veau et apporte des pains, le fils
Tira apporte un plateau chargé
d'offrandes,
la fille un pain et un sachet de fard.
Tout cela n'est que banal, mais dans la baie, une sorte de
barrière se dessine
sur laquelle était
tracée une inscription aujourd'hui
détruite, puis, à l'endroil on
jadis
on apercevait le tombeau et le plan de la chambre funéraire, la
tête du morl
s'enlève en fort relief,
regardant dans l'espace par-dessus la barrière. Sur
la
stèle de Marîrouka, le mort était
sorti et en marche pour descendre. Sur celle de
Noutirnofir il est
sorti, mais immobile, et il attend, avant de descendre, que les

assistants se soient
retirés, sur celle de Nibarî, il hausse la
tête par-dessus
l'obstaele qui le
sépare du monde des vivants, et il assiste, presque
entièrement
eaché encore. aux
cérémonies d'offrandes qui se
développent dans son tombeau.
Ce sont trois moments
différents de la même action. —
No d'entrée
29198.[Back to top]
PLANCHE XXIII.

Au moins vers la fin de l'Empire memphite et vers les
débuts du premier
empire thébain, les personnages
de haut rang dont les hypogées se succèdent
sur
les deux rives du
Nil, dans toute la Moyenne-égypte, se
plaisaient à détacher
les scènes
variées de la vie courante qui convraient d'ordinaire
la muraille, et à
les figurer au moyen de statuettes en bois
peint, isolées ou réunies dans une
action
commune. L'ancien art memphite avail déjà
eu la même idée, mais il
I'avait
rendue à la fa¸on grandiose et noble dont ses
sculpteurs concevaient
les représentations les plus
familières: c'est en calcaire et de grandeur
deminaturelle
qu'il avait représenté
les broyeuses de grain, les brasseurs de bière, les
porteurs
de sandales, les celleriers, les maitres de la garde robe que notre
Musée
possède aujourd'hui.
L'art de la Moyenne-égypte, préludant aux
conceptions de
l'art thébain,
s'enferma dans des limites plus étroites. Moins
raffiné dans l'expression,
et surtout moins
habile dans la technique du métjer, le bois lui prèta
une
matière moins difficile à manier et en
même temps plus économique; en
I'employant
de préférence à
la pierre, il put fournir aux personnages qui s'adressaient
à lui en plus en plus grand nombre ou à meilleur
compte les images funéraires
dont ils avaient besoin.
Quelque habitude locale ou quelque motif religieux peuvent-ils expliquer
la
multiplicité de ces petits monuments à cette
époque? Il semble bien que l'usage
en est
fréquent surtout dans les nomes du centre,
d'Akhmím ou plutòt de Siout
à
Héracléopolis la Grande, dans les
contrées qui furent longtemps le siège des
dynasties
héractéopolitaines: toutefois, avant de
déclarer qu'il leur est propre, il
faudrait avoir
découvert plus de tombeaux intacts de cette époque
dans les
autres régions de l'ègypte.
On a des exemples des barques et des porteurs
d'offrandes en
bois pour
Memphis et pour Thèbes, vers la XI
e
et la XII
e dynasties;
si l'on
n'y a pas recontré encore tous les autres objets du
même genre, cela tient
avssi bien peut-ètre
à la mauvaise chance des fouilleurs qu'à
une particularité
de la coutume locale. C'est
done sous loutes réserves que j'émets ici
mon
opinion et que je propse de considérer cet usage, sinon
comme particulier à la
Moyenne-Égypte. du moins
comme plus répandu chez elle que dans le reste du
pays.
J'ajouterai, également sous toutes
réserves. qu'il me paraît tenir
à cerlaines
tendances religienses de la population. La
Moyenne-Égypte, autant que
j'en puis juger par ce
que j'en ai vu. semble avoir conservé longtemps. sur
les
choses de la vie d'ontre-tombe. des conceptions plus
rudes que la Thébaïde propre

ou le Delta. Tandis que
les Memphites et les Thébains, raffinant leur idée,
ont
estimé de bonne heure que la consécration
rituelle était assez puissante pour
animer les figures
plaquées sur la muraille des tombeaux ou sur les parois des
cercueils, et pour leur donner la liberté de mouvement
nécessaire à leur fonction,
ceux de la
Moyenne-égypte n'étaient pas tellement
certains de son efficacité qu'ils
ne jugeassent
prudent de remplacer ou de doubler les scènes en bas-relief
de
scènes en ronde-bosse, où les personnages et
les objets, dégagés et isolés, leur
paraissaient mieux en état de servir on d'agir. On
peut croire que, pour les
Memphites, c'était
surtout le
double des bas-reliefs qui
était soumis au
double du
mort; pour
les gens de la Moyenne-Égypte, c'était
peut-être le corps de bois
lui- même qui remuait
et qui travaillait pour le corps du mort, et qui avail un
ròle analogue à celui que les
ouashbatiou conservèrent jusqu'à
la fin. Commander
l'exercice à des soldats de
bois tout détachés de la muraille et bien
délinis leur
semblait sans doute plus facile que
d'être obligés de les détacher
eux- mêmes el
de les faire descendre du bas-relief sur
lequel ils étaient appliqués avant de les
avoir
libres à leur disposition. De même pour les barques,
de même pour les
scènes de cuisine, de labour et
de métiers divers; ainsi indépendantes, elles
lui
paraissaient mieux fournir à ses besoins, que
lorqu'elles étaient liées à
la
muraille.
Planche XXXIII. Le
caractère belliqueux de la société
féodale, vers la fin de
l'Empire memphite et sous
le premier empire thébain. n'est nulle part plus
évident que dans les tombes de la Moyenne-égypte. Les
princes du Laurier-Rose.
de la Gazelle, du Chacal, du
Lièvre, du Térébinthe, sans cesse en guerre
l'un
contre l'autre ou contre le souverain, pour
la possesion des grasses campagnes
qu'arrosaient les deux
Nils parallèles, entretenaient des armées
relativement
nombreuses, et dans les cadres desquelles toute la
population valide venait
prendre place en cas de besoin.
D'us les temps de la XII
e et de la XIII
2 dynasties,
les lombeaux de Deshashèh
nous montrent l'assaut d'une ville. Vers la IV et la
X
e dynaslies, ceux de Sioul contenaient de
longs récits de guerre et des représentations
de
soldats en marche, el sous la XI el la XII dynasties, à
Béni-Hassan et
à Berchèh, cene sont,
sur les murailles des hypogées, qu'exercisespour
assouplir
le corps, scèns de batailles,
relèvements de blessés el de morts, sièges
de forteresses.
La tombe qui nous a livré les deux
bataillons représentés en masse
sur la planche
XXXIII. Était située dans la montagne de Siout, et
elle renfermait
probablement la momie d'un des prinees de
celle ville. Elle fut découverte et
pillée en
1895 par des fomilleurs indigènes, mais une partie des objets qu'elle

renfermait,
signalée à Mohammed effendi
Dohéîr, qui est actuellement l'un
des
inspecteurs du Service, fut ran¸onnée par M. de Morgan
pour la somme de
400 L.E. Les officiers étaient
placés sur des supports isolés; l'un
d'eux au moins
a été acheté
par un Anglais, et doit se trouver actucllement dans quelque
collection
particulière.
Le bataillon de droite représente l'infanterie de
ligne, les piquiers; le bataillon
de gauche l'infanterie
légère, les archers. Ils avancent sur quatre
hommes
de front et sur dix de profondeur. Les piquiers, sans
être tous appareillés exactement,
sont
d'une taille supérieure à la moyenne, et
leur couleur rouge trahit en
eux les égyptiens de race pure;
ils portent, avec la perruque courte qui leur
protêge la
tète comme un casque ou un bonnet rembourré, le pagne
bref d'étoffe
blanche, serré sur les
hanches par une simple bande mince, légèrement
ouvert
sur le devant, descendant jusqu'à
mi-cuisse, avec la pièce retombante pour
cacher les parties
génitales. Les archers forment une troupe
mêlée, quelques
égyptiens avec des
Libyens recrutés parmi les gens qui vivent à la
lisière du
désert; ils sont, en
général, de taille très
inférieure à celle des piquiers,
quelques-uns
fort petits. Plusieurs d'entre eux ont la perruque des
piquiers,
d'autres coiffent des perruques diverses, surtout
celle qui simule des rangs de
boucles courtes
étagées l'une au-dessus de
l'autre. Ils n'ont pour vêtement
qu'une bande d'étoffe blanche, large dans
la réalité de dix ou douze
centimètres,
serrée à la hanche par
une corde ou par une lanière en cuir, mais une bande de
cuir
épais, un peu plus large de bas que de haut, terminéc
en queue d'aronde,
peinte en rouge avec bordure blanche et
garnie dans sa longueur d'une rangée
d'ornements blancs en losange, dix ou cinq, leur descend
jusqu'au genou et leur
couvre les parties
génitales. C'est le rudiment de
l'espèce de garde ovale en
cuir, que les soldats
accrochèrent à leur ceinture au temps du second
empire
thébain. Ces gens ont la peau d'un brun
presque noir; ce sont des blancs noircis
par le soleil, non pas des
nègres.
L'infanterie de ligne a pour armes la pique, le poignard et le
bouclier. La
pique mesure sensiblement la hauteur d'un homme
de taille moyenne, soit, selon
les proportions des figurines, 1 m. 70
cent. environ. Elle est garnie d'une pointe
de cuivre en
feuille de saule, un peu plus épaisse en son milieu, et garnie
d'une
arète mousse; la longueur de la pointe
devait être de o m. 20 cent. ou de
o m. 25 cent. au plus, et
elle était garnie d'une soie de six ou sept
centimètres
de long, que l'on fixait à
la hampe au moyen d'une forte ligature en cuir ou en
cordelette poissée. La lance était tenue haute pendant
la marche, à moitié
environ de sa longueur
totale, l'avant-bras faisant avee le corps un angle droit

de façon
à la porter bien avant. Le bouelier est rectangulaire par en
bas
eintré en ogive vers le haut, el semblable de tout point
aux boueliers de Bershéh
que le Musée
posséde. Il se composait en original d'une careasse de
bois léger,
sur la face extérieure de laquelle
une peau de bœuf était cousue par une
lanière
en cuir. Le champ en est peint de blanc, puis
décoré de marques qui varient
à chaque
fois, et que forment comme les armoiries de l'individu. Le
bouelier
n'avait qu'une poignée en
bois. placée dans le einlre intérieur. vers les
deut
tiers de la hauteur environ. Il était tenu á
bras replié. sur le eòté gauche.
pendant la marche; pendant le combat, le soldat manœuvrait sa
lance et son
bouclier à peu près comme les tribus
africaines qui ont conservé l'usage de
ces armes
manient les leurs. Le bouclier, poussé en avant comme une
muraille
mobile, abritait le haut des cuisses. le bas-ventre, la
poitrine et les épaules:
l'ogive de la partie
supérieure permettait à l'homme, tout en
masquant le bas de
la figure et le nez, de bien voir
l'adversaire et de suivre ses moindres mouvements.
La lance.
levée vers la hauteur de la tête, la pointe
légèrement inclinée
vers la terre,
avait l'usage de la sagaie plus que celui de la pique moderne:
en
lan¸ant l'attaque, l'homme la
laissait glisser entre ses doigts pour lui imprimer la
force
d'impulsion propre au javelot, puis il serrait la main avant
qu'elle fÛt arrivée
à
l'extrémité de la hampe, pour pousser le
coup et bien l'enfoncer.
Les archers n'ont que l'are et une poignée
de quatre flèches, sans autre arme
défensive ou
offensive. Les listes d'offrandes funéraires du
Moyen-Empire nous
donnent plusieurs variétés
d'ares avec leur fourniment. On a, par exemple, la
série

où l'on reconnaít l'are
Anouîti

et
l'are
Pidouîti. Cette liste fixe
définitivement la valeur du signe

dans lequel on a voulu voir
une fronde: c'est la corde d'un arc quelconque.
corde en lanières de cuir tressées, en crin, en fibre
de palmier, en fil de chanvre
ou de lin selon les cas.

.
kharshaîl, est le paquet de quatre tlèches,
qu'on
voit ailleurs enveloppé d'une
peau de serpent, d'un cuir ou d'une étoffe;
le carquois
est venu plus tard, peut-être avec les Pasteurs,
et il est d'origine asiatique
comme l'indique son
nom. Les flèches sont armées de pointes en silex,
pointes
tranchantes pour la plupart, et le fait est remarquable;
rapproché du fait que la
pointe des lances est en cuivre, il
prouverait, s'il en était besoin encore, que la
pierre était employée simultanément avec
les métaux, à la guerre comme dans
l'industrie, longtemps aprés les àges
préhistoriques de l'égyte.
Les planches XXXIV-XXXVI nous permettent de mieux juger les
détails de
l'armement et de la facture. La
technique est remarquable. Les sculpteurs qui

ont
exécuté cet ensemble ont voulu donner à
chaque individu sa physionomie
particulière, et ils y ont
réussi. Le modelé de la poitrine et du dos, des bras
et des
jambes est excellent; les physionomies sont un peu
grossières et tournent légèrement
à la caricature, mais elles rendent fort bien le type du fellah
et du bédouin
de la classe inférieure.
Planche XXXVII. —
Les mêmes princes que se montraient si curienx
d'avoir
une arméc en bon état,
tenaient également à posséder une belle
flotte. L'un de
ceux qui sont enterrés
à Siout. Tefabi, parlant de la sienne, la dépeint
comme
couvrant le cours entier du fleuve sur une longueur de plusieurs
kilomètres,
depuis Shashotpou jusqu'à
Siout même. C'est un fait connu qu'une
flottille
puissante est un instrument indispensable à
quiconque veut conquérir ou défendre
ces
régions, et, par suite, on ne saurait
s'étonner si les seigneurs féodaux
de
l'égypte moyenne, après avoir eu beaucoup
de vaisseaux en cette terre des
vivants.
s'efforçaient d'en emmener beaucoup avec
eux dans la tombe. L'état
civil el politique
d'un Égyptien dans l'autre monde
n'étant que la reproduction
de son
état civil et politique de ce monde ei, le meilleur moyen de le
lui assurer
sans changement, c'était de fournir
son tombeau de tout ce qu'il avait
possédé
dans sa cité. Le gros de ses
besoins, partant, le gros des objets et des personnes
qu'on
lui attribuait, était le même partout, mais chaque
localité et chaque
temps avait ses exigences ou ses
habitudes particulières, qui différenciaient le
mobilier, les offrandes et les représentations d'un
endroit du mobilier, des offrandes
et des représentations de
tous les autres endroits. Les conditions dans lesquelles
les princes
féodaux de la Moyenne-égypte vécurent,
entre la V
e et la XII
e
dynasties, expliquent pourquoi l'on recueille tant de barques au
fond de leurs
tombeaux: ils en avaient besoin autant que de soldats,
pour retrouver aux
régions d'au-delà
leur état complet d'ier-bas. Un ou deux de ces bateaux
étaient
franchement funéraires. et ils figuraient
ceux dont le mort avait besoin afin de
se rendre, soit à
Abydos., où il franchissait la
bouche de la
Fente, soit, par toule
autre issue, dans les champs
d'Ialou: le reste était le convoi de ses
serviteurs.
qui lui avaient fait esrorte dans ses voyages ou dans ses
guerres terrestres.
el qui allaient l'accompagner dans ses
voyages et dans ses guerres d'outre-tombe.
Le bateau reproduit sur la planche XXXVII provient de Siout. Il fut
découvert
en 1875 dans la tombe de

Masahît: il a
été choisi entre lous à
cause de ses
dimensions et de son agencement particulier. Il est long de
o m. 54
cent., large de o m. 532 mill., profond en son milieu de o m. 238 mill.
La coque eu est à fond plat, plus haute à
l'arrière qu'à
l'avant, taillée dans un

seul bloc de bois dont les
défauts ont été
réparés avec des pièces
rapportées.
dissimulées sous le stue et sous la
couleur. Les baux qui maintenaient l'écart des
murailles sont indiqués sur le plancher par autant de raies de
peinture rouge.
Une longue poture les traverse qui court par le milieu
de l'avant à l'arrière:
leurs extrémités font saillie en dehors de la conque
sur le pourtour extérieur, et
leur disposition montre
combien j'ai eu raison de considérer les indications
de
même nature qu'on aperçoit
à Déîr el-Bahari, sur les vaisseaux de la
reine
Hâtshopsouitou, comme marquant les
extrémités des baux, non pas les sabords qui
donnaient la lumière sous le pont. Le mâtereau qui
soutient la rame-gouvernail
est planté sur
l'extrême arrière, et quatre trous sont
pratiqués dans le pont, à ses
pieds, deux
à droite, deux à gauche, pour les cordes qui
l'assuraient; il porte
vers le haut une cheville
horizontale, destinée à supporter la tête
du mât lorsqui'on
le couchait. Un autre
mâtereau est dressé au milieu du pont, en avant de
la
cabine, qui servait également à soutenir le
mât; presque à ses pieds s'ouvre le
trou dans lequel on plantait le mât, et, derriére lui,
une sorte de sabot dont on
usait pour étayer le pied du
mât. A l'arrière du mât,
à cheval sur la pourtre médiane
et sur le
troisième bau, un bloc percé de quatre trous est
fixé au pont:
il était destiné aux
cordages qui descendaient du haut du mât el
l'étayaient par
derrière. A la hauteur
du quatrième et du sixième baux, en arrière
du mât,
deux paires de trous sont pratiqués dans
le bordage, pour y fraper les câbles
qui maintenainet les
deux extrémités inférieures de la voile.
La cabine couvre la moitié du bateau et constitue un
véritable château. Elle
est en voûte
surbaissée et elle se compose d'un vestibule et
d'une chambre. Les
deux murailles transversales sont munies
chacune d'ume porte à un seul battant,
montée sur pivot et fortifiée de six baguettes
horizontales: sur la face extérieure
de chacune
d'elles est tracée, en relief dans le creux, la figure
du prince, debout,
le bàton à la main, la manteau
sur l'épaule, vêtu du pagne à
tablier pointu. Une
légende, formée
d'une ligne horizontale au-dessus du personnage el
d'une colonne
verticale d'hiéroglyphes
devant lui, nous apprend son nom et ses qualités. Les deux
parties de l'inscription ont en commun le titre

.
L'inscription du dessus se
lit sur l'une des
portes:

sur
l'autre:

tandis que
l'inscription latérale se lit sur l'une
des
portes:

et sur l'autre:

Les murs de la
cabine
élaient à panneaux pleins, mais les petits
ais qui les fermaient sont tombés,
et la careasse seule est
reslée, simulant un travail à claire-voice. Le
vestibule est
supporté en son milien par une colonne
à chapiteau en bouton de lotus et à fût

cannelé. Il est
largement ouvert sur l'avant; à
l'arriére, deux retours du mur
dessient une sorte
de réduit trés étroit en avant de la
chambre.
L'équipage comprend, outre le pilote
d'arrière accroupi sur la cabine, un
pilot
d'avant debout sur la proue, le bras étendu pour
indique la manœuvre
au bateau qui remorquait la barque de
Masahit. Les autres personnages appartiennent
à la suite du
prince plutôt qu'à
l'équipage proprement dit, deux en
dehors de la
cabine: l'un debout à droite, l'autre
accroupi à gauche, un peu en
arrière du
mât, cinq dans le vestibule de la cabine, à droite et
au fond, Masahît
est assis, enveloppé des pieds
jusqu'au cou dans le long manteau qui lui cache
les bras et
les mains, puis, disséminés autour de lui, quatre
serviteurs sont
accroupis dans des attitudes diverses. — No d'entrée
30970.
Planche XXXVIII.
— Avec cette planche commencent les figurines qui
représentent
les serviteurs et les servantes du mort, chacun
dans l'exercice de ses
fonctions
(1). Elles proviennent toutes de
Méîr, et du tombeau de

Papiniânkhou le
Noir. Elles y furent découvertes par l'inspecuteur
Mohammed
Effendi Dohéîr, entassées
toutes ensemble dans un trou pratiqué au milien de
la
chambre funéraire. Papiniânkhou vivait à la
fin de la VI
e dynastie et au commencement
de la
VII
e.
Le petit homme qui marche en regardant devant soi d'un air si
satisfait, est
un des domenstiques particuliers du mort. Il
n'a que la perruque à mêches
courtes
et carrés, étagées en rangs
pressés et dont la retombée lui cache les
oreilles, puis le pagne blanc uni s'arrêtant au-dessus
du genou. Il a l'avantbras
droit replié contre la
poitrine, et un petit coffret à bijoux octogonal y est
posé,
dont les panneaux, peints en damier alternativement
rouge, noir, vert sombre,
jaune verdâtre, semblent
décorés à l'imitation des
paniers de paille multicolore:
une large poingnée est
implantée au milieu du couvercle. C'est une
véritable valise
qu'on lui voit sur le dos, une
sorte de sac oval, de coupe oblongue et plate, un
peu plus large par en
bas que par en haut, et muni de deux grosses pointes en
bois qui
servaient à le ficher en terre. Il est en cuir blanc, mais le
contour des
côtés étroits est
cerné d'un trait rouge et rempli d'un
réseau simulant un filet. La
partie supérieure de
l'un des côtés longs, arrondie aux angles,
se rabat sur l'autre
comme celle de nos portefeuilles. Un
tapis rectangulaire, à petites taches rougeâtres
sur fond blanc, et à bordure imitant le dessin de la peau de
panthère,
est étendu sur le tout, et
l'un de ses bouts, passé entre le cuir et la peau de
(1)
L'étude de ces statuettes a
été faite par M. Borchardt dans son article sux
die Dienerstatuen aus
den Gräbern
des Alten Reiches, dans la Zeitschrift,
en 1897, 1. XXXV, p. 119-134.

l'homme,
amortit le frottement pendant la marche. Une courroie blanehe, large
et
longue, en étoffe ou en cuir, est attachée aux deux
extrémités du côté qui
s'applique au dos. L'homme l'a mise
à son cou par-dessus l'épaule droit,
puis
il a relevé la valise à droite,
jusqu'à ce qu'elle lui remontát
dans la nuque à la
façon du sac de nos soldats.
Il a ensuite croisé les deux extrémités de
la courroie
l'une sur l'autre au
côté gauche, et, dans l'anse ainsi obtenue,
il a eznfoncé
jusqu'á
moitié le bras gauche replié au coude; la pression de
ce bras, qui tend à
descendre, serre la valise au dos, et la
main appuyée à plat sur elle
l'empêche de
trop balloter. La pose et le
personnage sont représentés à
Berchéh el à Béni-Hassan,
mais notre
figure nous permet pour la premiére fois de juger le
détail
de l'équipement. Les chairs
sont peintes en roughge, les yeux et les sourcils en noir,
les ongles
couleur de hennéh. La statuette a été
reproduite par bobchabdt dans la
Zeitschrift, 1897, t. XXXV, p. 121. Hauteur 0 m. 36
cent. —--
No
d'entrée 30840.Planche XXXIX.
—-- Trois petites femmes, alignées l'une
derrière l'autre par
rang de taille, sur un
même socle, tiennent en équilibre sur leur
tête du linge
blanc empilé et attaché
en ces paquets de forme décagonale, que l'on voit
souvent
dans les représentations des tombeaux memphites. La
première l'appuie de la
main gauche et le bras
droit lui pend le long du corps, les autres le supportent à
deux mains. Elles n'ont pour vêtement que la chemise
blanche attachée sur
l'épaule droite
par une seule bretelle, et tombant assez peu au-desssus du genou.
Les
cheveux rasés sont peints en noir, la cornée des yeux
est relevée de blanc,
comme la chemise, le reste du corps
est jaune terne. La plus grande mesure
0 m. 59 cent. paquet compris, la
suivante o m. 56 cent., la derniére 0 m. 58 cent.
—-- No
d'entrée 30798.
Derrière elles, sur un socle indépendant, se dresse une
figurine de femme
une, à laquelle les deux bras manquent.
Les deux jambes sont serrées, les pieds
sur le
même plan. Le corps est habilement modelé, mais
grêle, mince, avec des
cuisses menues, un ventre plat, des
banches étroites, une gorge à peine saillante.
Les yeux sont bordés et allongés de kohol. Le
cràne est rasé de prés, sauf trois
longues tresses, dont une seule, celle du milieu, est conservée
et pend encore
du sommet de la tète au creux des reins; elle
est en fils de lin tressés et elle
se termine par la
boulette conique de glaise ordinaire. C'est une toute jeune
fille, probablement une danseuse, l'image exacte pour la coiffure
et pour l'attitude
de certaines des figures de femme
qu'on voit dans les hypogées de Kasr-es-Sayad.
Elle mesure entre 0 m. 36 cent. et 0 m. 37 cent. de hauteur. Le groupe
a
été reproduit par Bissing, dans la Zeitschrift, t. XXXVII, p. 77. — No d'entrée
30809.
Planche XL. —--
Sur un même socle, deux servantes, les chairs peintes en
jaune, la tête rase, le buste nu, le sein pendant, la chemise
blanche descendue
jusqu'à la hauteur des hanches
en guise de pagne, sont accroupies en face l'une
de
l'autre, les talons au derrière. Elles broient la
farine avec une molette sur une
pierre taillée en plan
légèement incliné, el la farine tombe dans
un réceptacle
rond, probablement en terre,
ménagé entre elles. C'est la
scène des meuniéres
au travail qu'on
voit dans les tombeaux des nécropoles memphites. Longueur
0
m. 40 cent. —--No
d'entré 30811.
Planche XLI. —--
Dans le haut, un homme, assis de travers sur un socle en
bois, genoux
hauts, chairs rouges, pagne blanc, accomplit une action
représentée
souvent sur les bas-reliefs des
tombeaux memphites. Il tient de la main droite
une jarre longue, de
celles dans lesquelles on conserve la vin ou la bière, et de
la main gauche il va ramasser, dans le grand vase placé
près de lui, une poignée
de la pâte
rougeâtre dont on se servait pour enduire la poterie et
empêeher le
liquide de se corompre. Au delà, dix
jarres pleines et déjá coiffées de leur
ca
puchon de terre noire, sont disposées sur deux rangs
paralléles, dans un appareil
rectangulaire qui les maintient
à peu près droites. C'est une sorte de
bâtis, com-posé
de bois plantés en
terre; les deux plus petits sont engagés dans le plus
grand
vers les extrémités. Longueur o m. 40 cent.
— No
d'entrée 30817.
Le groupe placé sous celui-là montre une des
scènes de la fabrication de la
bière. A droite,
la femme agenouillée réduit l'orge en
farine sur sa meule plate.
Un support rond, jaune, placé
devant elle, soutient un vase rouge de bonne taille,
recouvert
d'une plaque plate, ronde, peinte en jaune pour
empêcher quelque
impureté de tomber dans la
matiêre qu'il contient; à
côté de la jarre, on voil
un petit vase
cylindrique brun rouge. Au delà, une femme assise à
cropetons
surveille un tas d'objets en forme de
cônes tronqués, peints en gris, peints en gris,
tachetés de
rouge- probablement des pains; elle attise le
fen avee un báton de la main
droite et se protége
le bas de la figure avec la figure avee la main gauche. Les deux femmes
ont les cheveux courts, les chairs peintes en jaune sombre, la chemise
baissée
á la taille de maniére
à simuler un pagne. Longueur o m. 60. —-- No d'entrée
30813.
Planche XLII. —--
A gauche. un cuisinier, assis à cropetons devant une terrine
pleine de charbons ardents, fait rôtir une volaille
emmanchée an bout d'un
gros bâton
qu'il tient de la main gauche. De la main droite il attise la
flammeavee
l'espèce
d'éventail que les Egyptiens employaient à
cet usage. Le groupe

a
été reproduit par BORCHARDT dans la
Zeitschrift, t. XXXV, p. 127. Longueur
o m. 25 cent.
—
No
d'entrée 30814.
A droite, un boulanger, le genou droit en terre et le genou gauche
levé,
gratte la meule de la main gauche avee un
éclat de caillou, pour y recueillir la
pâte; sa
main droite, peinte en blanc jusq' au poignet afin de montrer
qu'elle est
endute de pâte, tient une de ces
galettes rondes qu'on voit si souvent
représentées.
A gauche de la meule, dix des ces
galettes plates, qu'on appelait, sanou,
sont entassées en deux tas sur le sol.
Au-delà, derriàre un petit four formé de
trois
pierres plates, celle de derrière carrée,
celles de côté rondes, et couvert
d'une
quatriàme pierre ronde, un tas de
brindilles de bois est étendu attendant que les
galettes
soient prâtes à cuire et qu'on allume le
feu. Le groupe a été reproduit
par Borchardt dans la Zeilschrift, 1887, t. XXXV, p. 124. Long. o m. 36 cent.
— No
d'entrée 30849.
Planghe XLIII. —
A droite, une femme fabrique de la bière, debout, devant
une
grosse jarre à tubulure à laquelle s'adapte
une corbeille basse largement
ouverte; elle lave à tubulure
à laquelle s'adapte une corbeille basse largement
ouverte; elle lave à deux mains la pâte
rougeâtre, en faisant effort des épaules et
des
reins jusqu'à ployer léegrement les jambes.
Devant elle, un autre vase, sans
tubulure, est rempli probablement de
la même pâte que la corbeille: une sorte
de
soucoupe plate pose sur l'orifice. Hauteur o m. 306 mill. No d'entrée
30823.
Le personnage de gauche dépique le sol à a houe, et son
action est si souvent
représentée que je ne
l'aurais pas reproduit iei, si un détail ne montrail
avee
quel soin minutieux les artisles égyptiens
s'efforeaient de copier les scènes de la
vie
courante. On sait que ce travail se fait peu après le retrait de
l'inondation.
lorsque le sol. pleinement
détrempé par les eaux, est recouvert d'une
couche de
boue à moitié liquide. Notre petil
bonhomme n'a point les pieds visibles: il
plonge dans la
boue jusqu'à la cheville, à
l'example de son modèle, le paysan
égyptien de la réalité. Hauteur o m. 29
cent. — No
d'entrée 30822.
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PLANCHE XLV.
Stèle en basalte noir-verdâtere, haute de 1 m. 58
cent., large de o m. 86 cent.,
découverte à Kom
el-Gaief, sur le site de l'ancienne
Naucratis, dans
l'une des
propriétés de S. A. le
prince Hussein pacha, donnée gracieusement par lui au
Musée de
Gizeh, en décembre 1899, publiée
dans le numéro de janvier-février
1900. des
Comptes rendus de l'Académic
des Inscriptions et Belles-Lettres.
Ge magnifique monument, d'une gravure admirable, n'est
pas intéressant
seulement pour les renseignements
historiques qu'il nous donne; l'orthographe
en
est singulière et mèrite d'attirer
l'attention des égyptologues. Le scribe qui en
a
rédigé le texte a cherché
fréquemment à rendre, rien qu'avec des
caractères
alphabétiques, les mots que ses
confrères exprimaient traditionnellement par des

syllabiques on par des
idéogrammes. A-t-il agi sous une influence
étrangère. et la
familiarité avee les
Grees de
Naucratis a-t-elle été pour quelque chose
dans sa
façon de procéder? II est probable, mais
sa tentative gène singulièrement la
lecture. Ce
n'est pas sans surprise qu'on reconnait

dans

dans

et

dans

dans

. Je ne suis pas certain
d'avoir
bien rétabli le texte partout. et
l'exemple de ce monument montre quelles
difficultiés de déchiffrement
l'égyptien aurait présentées,
si, comme le phénicien
ou le gree, il avait
employé un système purement alphabétique.
Le tableau qui remplit le eintre est d'un dessin et
d'une exécution merveilleux.
Sous le disque
ailé, le roi Nectanèbo fait une double offrande
à sa mère,
la déesse Néith
de
Sais: son nom y est écrit

, sans le

syllabique de

A gauche, il est
coiffé de la perruque à boucles
étagées, ceinte du diadéme.
surmontée des deux cornes du disque et des deux plumes droites:
il présente le
collier large

à la
déesse. A droite, il est coiffé de la couronne rouge

et il
apporte les liqueurs et les pains sur un plateau.
Néìth est, à gauche, la dame du
ciel,
la régente de la Méditerranée.

et. en cette
qualité, elle accorde
au roi les terres
étrangères, les terres grecques

; à droite, elle est
la dame
des ètres, créatrice des choses

, et, en cette
qualité, elle prodigue
au roi la richesse en provisions de
tout genre.
Quatorze lignes d'inscriptions verticales couvrent le corps
même de la stèle.
En voici, sous toutes
réserves, la traduction à peu près
complète:
“L'an I, le 4
e mois de Shomou, le
13, sous la Majesté du roi Nectanèbo II.
toujours
vivant, aimé de Néith, dame de
Sais. Le dieu bon, le
grand

marqué au sceau de Néith, à la
Majesté de qui la déesse a accordé de
ceindre
son propre diadème dans les deux régions
marécageuses du Delta (

); elle
l'a installé prince des deux terres du Nord et du Sud,
elle lui a mis
sa coiffure d'uræus à
la tète, elle lui attire (

ou

) les cœurs des
clans humains

,
elle lui livre

le cœur

des croyants

elle brise (

) tous ses ennemis,

le roi
vigoureux qui protège
(

); litt.:
enceloppe) l'
Egypte, le mur de bronze qui
clòt Kimit
(

), le très-vaillant qui agit de ses
deux bras (

),
le maitre expert de la masse (

) qui
multiplie de cœur qui a vu sa crinière (

), celui qui
coupe les cœurs et qui retranche les esprits
(

), qui rend la
vie (litt.:
qui fait les formes

)
à ceux
qui sont étendus morts sur leur lit
funérire, afin de s'emparer de leurs cœurs
et
de les remplir de ses vertus admirables (


, litt.:
“pour prendre leur cœur plein de ses
merveilles”),
lorsqu'ils se seront
aperçus qu'il n'y a point de limites
à ce qu'il leur
donne (

). litt.
“trouvé point
quantité de
donné sur cux”). — celui qui rend
prospères toutes les deux terres
lorsqu'il brille
chaque jour (

)
par (

avec
chûte de

finale)
ses approvisionnements, chaque homme
crie de joie lorsqu'il (a vu ce prince)
aimé de
Rà (

) qui resplendit
dans l'horizon, el son amour fleurit dans
tous les seins, car il a donné la
vie aux ventres (

); tous les dieux
se réjouissent
de lui (

) car lis l'ont vu qui
veillait pour chercher ce qui est utile
(

) dans leurs sanctuaires et qui
conduisait leurs
prophèles à leur accomplissement
de tous les sacrifices des temples (

). qui
agissait selon leurs
paroles, et ne se montrait pas rebelle (littér.:
sourd de face) à
donner (

) lorsque leur
cœur s'engageail
sur la voie (

. litt.:
“ils donnent aller le cœur sur la voic”) de
construire
leurs temples. d'édifier leurs murs,
d'approvisionner les autels, de multiplier
(

) tout ce dont ils
ont besoin (

).
de procurer des fondations
pieuses de toutes choses. lui. le dieu
unique aux multiples vertus. qui reluit les
rayons du disque solaire
(

) el
à qui l'on
dit ce que l'on dit
d'eux (

). à qui la
Très-Verte a
donné (

) ce qui sort de ses eaux (

till.:
“l'écoulement de sa
rosée”), à qui les contrées
étrangères
apportent en courant (

) leurs produits el
leurs gazelles même se le
concilient par leurs tribuls
(

).
“Sa Majesté se
levant dans le chàteau du
nome Saile et se conchant dans le
temple de Néith, le roi
montant dans le temple de Néìth. se
levant comme
souverain
coiffé de la conronne rouge à
còté de sa mère Néith. il a
présenté son
offrande. for de
l'offrande en don an temple de Néith. Dit Sa
Majesté: “Soit
donné un
dixième de l'or. de l'argent, du bois brut,
du bois ouvré, de toutes
les choses qui sorteut de la
Très Nerte des Grees. de toute taxe de douane (

) et
qu'on le verse en compte (

) au temple
Risnîti de
Neith

de la ville nommée
Hounit, ainsi qu un dixième de l'or, de
l'argent.
de toutes les choses qui sont dans
l'a-maraiti. qu'on surnomme Karati, sur le
bord
du canal Ânon, el qu'on le verse en comple all temple
Risnîli de Néith
pour
la mainmorte de ma mere Néith, à tout jamais, en plus
de ce qu'il y avait
la auparvant, el que l'on
fasse avec ces deux dixièmes

litt.: “et que
l'on fasse....d'eux”) millier de
bœufs 1, lot d'oies 1, minots
de vin 5, en
offrandes journalières, au cours de chaque jour, et que le
bénéfice
de tout cela (

, litt.: “le compte
d'eux”) soit pour le trésor de ma
mère Néìth, parce que le maître
de cette Très-Verte,

c'est elle
Néìth qui lui donne de s'approvisionner (de
ces biens). S'il est ordonné que je
délivre (

), protège, défende, son double
temple
de
Sais (les deux objets qui sont figurés dans le
signe du temple, le totem

du nome Saite sur

, marquent les deux sanctuaires
mihnîti, celui du Nord,
et
risnîti, celui du Sud)...
(1). Dit Sa Majesté:
“Que ceci soit établi

sur cette
stèle et qu'on la mette dans
Naucratis, sur la rive
du
canal Anou, si bien que mes splendeurs soient
commémorées à tout jamais

,

), moi
Nectanèbo II, toujours vivant”.
La stèle date du moment où Nectanèbo,
délivré par Agésilas des princes
féodaux qui lui avaient soulevé un rival et qui
l'assiégeaient, vint prendre possession
du
tròne dans
Sais. Différentes donations durent
témoigner de la reconnaissance
quïl portait
à la déesse pour l'avoir fait roi, mais la
seule dont nous
ayions le sonvenir est celle qu'on lit sur
notre stèle. Elle nous révèle le nom
égyptien de Naukratis.
Pa-marath(2), et elle nous donne pour la
première fois le
nom grec en transcription hiéroglyphique. Elle
l'écrit

,
qui se décompose par
élymologie populaire en
Naou
karati, “la ville de
Crates”, ou par simple abréviation
Krati. Krate; est-ce simple fantasie
du scribe.
ou y avait-il eu réellement parmi les fondateurs un
Kratés, dont le
ròle avail
été assez important pour justifier jusqu à
un certain point l'orthographe
égyplienne? Le
canal sur les bords duquel elle étail située. el qui
la rattachait à
la branche Canopique, s'appelait

,
Ànou. L'autre ville, dont le
nom se lisait
probablement
Hounît. doit ètre
cherchée vers l'extrémité
seplentrionale de la branche Canopique. sinon à Canope
même, du moins
sur un point voisin de
l'embouehure. à l'endroit le plus favorable
pour établir
une douane de mer. Les revenus que ces deux
localilés versaient au trésor
égyptien
ne pouvainet qu ètre considérables, puisque le
commerce avec la Grèce
prenail presque entier cetle voie.
Nous apprenous par notre inscription que la
taxe était du
dixième. Nectanèbo l'attribua à
l'entretien des fondations pieuses
(1) La
phrase par laquelle Nectanèbo justifie ses largesses en
l'honneur de la decsse ne m'est pas claire:
on
y distingue les groupes
qui me paraissent repondre
au verbe
qui
semble Ètre l'equivalent du copte
T. tradere, conjungere, et deriver. comme celui-ei. de
mêler, joindre, unir, je ne vois pas
le sens qui devrait ressortir de l'ensemble de ces mols.
(2) Le
nom avail etc enregistré mais non identifié, par
Brugsch
Dictionnaire Géographique. p. 1183.
1184.

quïl
établit dans le grand temple de
Sais en faveur de
Néìth; il dit expressément
qu'il fil afficher la stèle dans
Naucratis afin que
nul n'en ignorât. Il n'affirme pas
que
la stèle fùt dans un temple, et peut-ètre
était-elle bien en vue sur un parvis
ou dans une place
publique. Il est fàcheux que l'on n'ait pas
pu nous indiquer
l'endroit précis où
elle fut découverte; ce renseignement nous aurait permis
de
vider un problème important de topographie locale.—
No
d'entrée 34002.
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